Que celui.celle qui les a toujours appliquées me jette la première pierre
Si vous ne le saviez pas déjà, je suis autodidacte en couture. J'ai commencé à 17 ans en faisant une jupe et le cosplay de la robe jaune de Belle, avec des patrons du grand commerce et l'aide de ma mère. Il y a plusieurs bonnes habitudes de couture que j'ai prises très tôt et d'autres qui ont mis beaucoup plus de temps à intégrer ma routine. A l'inverse, il y en a que je n'ai jamais adoptées, d'autres que j'ai même abandonnées au fil du temps mais ce sera une autre histoire... Aujourd'hui je vous propose de regarder un peu en arrière et de vous donner celles qui ont le plus aidé à améliorer la qualité de mes créations.




Dans l'ordre : la fameuse robe jaune (2008), une robe inspiration Empire (2011), un cosplay de Pimkie Pie (2017), et le Capitaine Crochet (2025)
Avant de commencer, il faut bien que je vous explique ce que je faisais avec beaucoup de sérieux dés le début. Je suis assez perfectionniste et critique de mon travail et ma mère l'est aussi.
Autant vous dire que mes tissus étaient parfaitement alignés bord à bord au moment de faire les découpes ! J'ai toujours religieusement respecté le droit fil, même quand j'étais un peu juste en métrage. J'ai toujours défait et recommencé quand mes coutures n'étaient pas droites. Et j'ai toujours coupé mon tissu au millimètre. Quand j'utilisais des patrons sans marge de couture ma mère m'avait même appris à tracer toutes les marges de couture pour pouvoir couper sur un trait parfait.
Voilà, j'avais les bases mais certaines bonnes pratiques me semblaient superflues ou m'étaient tout simplement inconnues. Evidemment si vous êtes un.e couturier.ère accompli.e ce qui va suivre ne va pas vous étonner.
Choisir mon tissu avec soin
Comme toute bonne débutante, surtout quand on se lance avec le cosplay, je cherchais surtout le tissu en fonction de sa couleur. Sauf que j'habitais à Niort... et même si les Tissus du Renard ont une belle gamme, c'était compliqué de trouver la bonne teinte. Alors m'inquiéter de la composition, du poids, de la fluidité... c'était beaucoup trop de contraintes. J'ai gâché pas mal de projets en choisissant un tissu inadapté et surtout j'ai galéré plus que nécessaire avec des tissus inutilement compliqués à gérer pour une débutante.

Aujourd'hui quand je fais des ateliers couture avec mes pitchounes du collège je trie à l'avance les tissus qu'ils peuvent utiliser : les tissus stretch ou "glissants" sont réservés pour celleux qui maitrisent un peu. Qu'on se comprenne bien, je ne dis pas qu'il ne faut pas les utiliser ! Par contre il faut les choisir en connaissance et les travailler avec les conseils qu'on peut trouver en mercerie ou sur internet.

Le tissu choisi va aussi avoir une importance primordiale sur le rendu final du projet : il ne vous viendrait pas à l'idée de faire un pull en mousseline. De la même façon un corset, une veste, une jupe patineuse ne vont pas nécessiter le même tissu. Ne pensez pas seulement votre création en terme de couleur mais aussi en terme de rigidité : Est ce qu'il doit se tenir ou être plutôt fluide ? Est ce qu'il doit être léger ? Si la pièce est en contact de la peau c'est toujours plus agréable d'opter pour un tissu naturel. N'oubliez pas de demander aussi comment votre tissu doit s'entretenir, certains ne se lavent pas ou seulement à sec.
Bâtir à la main
Parmi les "mauvaises" habitudes que j'ai et que je garde : je couds à la machine par dessus mes épingles piquées horizontalement. Je n'enlève pas mes épingles, ma machine a l'air de bien le vivre. Alors forcément quand certains patrons conseillent de bâtir à la main, je ne le faisais jamais. La flemme. En me lançant dans la couture plus histo et surtout dans les techniques tailleurs j'ai dû m'y mettre (ma peur de mal faire dépassait ma flemme). Et je me suis rendue compte de deux choses : c'est plus rapide et plus agréable !


C'est plus rapide parce que pour certaines coutures de précision, tout se positionne correctement et la couture machine se fait en quelques secondes alors que j'aurai presque dû faire du point par point si j'avais seulement épinglé. Et c'est plus agréable parce que passer 30min à se battre entre l'aiguille, les épingles, le tissu et le tracé ça a plutôt tendance à me donner envie d'insulter ma machine à coudre. Bâtir est également plus indiqué pour des tissus fins, les épingles peuvent laisser des marques et faire légèrement dévier l'aiguille.
Evidemment je ne bâtis pas tout, je commence à avoir l'expérience de savoir quand ça vaut la peine. Plusieurs épaisseurs à gérer ? un courbe délicate ? Du tissu qui glisse ? Je prends 5min pour bâtir rapidement. Avec le recul je me rends compte qu'à vouloir aller vite je me suis rendu les choses plus difficiles.
Presser mes coutures régulièrement
Je vais même commencer au niveau en dessous : repassez votre tissu avant de le couper ! Surtout s'il a trainé plus ou moins plié dans une armoire. Votre découpe sera plus précise et vos pièces seront propres et agréables à travailler. Presser ou ouvrir ses coutures c'est une étape indiqué dans la majorité des patrons du commerce et je ne le faisais jamais. Comme pour le bâti : flemme. Ca peut pas changer tant de choses que ça, si ? SI !

Presser ses coutures permet de positionner le tissu correctement tout de suite et va simplifier les étapes suivantes. Ca permet également de voir comment votre création se met en forme. C'est plus difficile de visualiser le rendu final si toutes vos pièces sont froissées à force de les manipuler.
Presser va également faire gagner du temps avant de coudre, surtout pour les ourlets. J'ai pris l'habitude de presser mes ourlets et bords avant de coudre. Pas besoin d'épingles et c'est plus facile de gérer les ourlets dans le biais du tissus. Je crois que j'utilise plus ma table à repasser que ma machine à coudre certains jours.
Et bonus, je me suis fabriqué deux coussins de repassage, un "jambon" et un "boudin", remplis de sciure de bois pour les courbes et les manches. J'avais utilisé ce patron. Je vous conseille vraiment de vous en faire un, ça ne coute pratiquement rien et ça sert très souvent.
M'arrêter de coudre à temps
On arrive dans une partie plus personnelle et que j'ai mis beaucoup de temps à comprendre. Coudre demande de la concentration. Même en suivant simplement des indications pas à pas, sans faire de modifications, c'est vite arrivé de coudre dans le mauvais sens ou de confondre bras gauche et bras droit (les vrai.es savent).
J'avais tendance à vouloir absolument finir mon projet rapidement. Je me calais une journée entière, et ne comprenais pas pourquoi j'étais incapable de patronner une pièce simple le soir, alors que tout se mettait en place facilement le lendemain. J'étais juste fatiguée, mais stressée par les deadlines je voulais forcer l'avancée du projet coute que coute. Finalement, je devais toute recommencer quand je revenais dessus après une bonne nuit de sommeil.

Maintenant, je m'écoute beaucoup plus : deux erreurs "bêtes" à la suite c'est un signal d'alarme. Je range et je m'y remettrai demain (ou dans quelques heures). Je garde les étapes plus délicates pour le début de la session couture, quand je suis au top de ma forme. Quand j'ai des journées très chargées je me garde les coutures de finition à la main pour le soir. Je prépare tout à l'avance pour juste avoir à coudre ce que j'ai épinglé et "poser mon cerveau".
Je sais que des amies couturières sont capables de coudre longtemps à la suite, même tard le soir. Chacun a son rythme et ses limites, trouvez les vôtres et respectez-les. Vous ne gagnerez rien en forçant des heures malgré la fatigue. Vous risquez de faire des erreurs qu'il faudra défaire, donc perdre du temps, vous agacer et même vous dégouter d'un passe-temps qui est sensé être agréable.
Apprécier le processus
Je ne sais pas si vous avez remarqué mais il y a un point communs entre toutes ces bonnes habitudes que je ne suivais pas : je voulais aller vite. Je n'aimais pas coudre, j'aimais me costumer. J'avais hâte d'arriver au résultat et les différentes étapes pour y arriver devaient être le plus rapide et efficaces possible.
Quand je me suis rendu compte de ça, je me suis demandé si j'avais vraiment envie de continuer à coudre. On n'est plus en 2007, on peut trouver de beaux costumes taille adulte désormais. J'ai pris conscience que ça me manquerait. Que j'aimais voir le tissu se transformer, passer des heures devant une série avec un ourlet interminable à la main, de réussir à négocier parfaitement une poche passepoilée et le bruit de la machine qui m'empêche de suivre mon livre audio.

J'ai commencé à anticiper mieux mon calendrier de créations, à annuler des projets qui devraient se faire dans l'urgence. Je n'ai plus aussi hâte de finir un costume donc je prends mon temps : je prends des semaines pour sélectionner mes tissus, je bâtis, je presse mes coutures, je m'arrête quand je fatigue. Du coup mes créations sont plus soignées, plus agréables à faire et ... je les finis plus vite. En couture aussi, c'est la tortue qui arrive en première.
Chacun a sa propre expérience quand il apprend un nouveau savoir-faire, il y a des bonnes habitudes qu'on prend très vite et d'autres qui prennent des années. Adopter ces cinq-là, ça a été une vraie révolution pour moi. Pas seulement pour la qualité du résultat final mais aussi pour l'expérience de création en elle-même. Prendre le temps d'apprécier chaque étape c'est important maintenant que la couture c'est mon quotidien. Et j'aime l'idée d'insuffler autant de joie que possible dans mes costumes, en espérant que vous la ressentiez quand vous les portez.
Et vous, c'est quoi les bonnes habitudes de couture que vous aviez prises toute de suite ? Et celles qui ont tardé à venir ?