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Fabriquer un costume pirate femme - Partie 2/2

Mes conseils pour créer une tenue pirate d'évocation historique

Partie 2 : La tenue féminine (Lady Hook et Mary Read)

Cet article est la suite de celui-ci, j'y explique mon approche pour cette collection de costumes donc je vous conseille d'y faire un tour avant, si ce n'est pas déjà fait. Fabriquer un costume pirate femme qui soit crédible, confortable, et aussi badass que ceux de ces homologues masculins ce n'était pas un défi facile. Je me suis donc tournée vers les tenues d'équitation du XVIIIe qui représentent exactement l'idée que je me faisais : simple, pratique, flatteur pour la silhouette mais confortable.

De quoi se composent les costumes ?

En me basant sur les pièces qui composent une tenue de chasse du milieu du XVIIIe siècle, voici la liste d'éléments que je vous propose d'explorer :

  • Une chemise (voir partie 1 car j'ai réalisé des chemises masculines pour tous les costumes)
  • Un corps baleiné
  • Un jupon et une jupe
  • Un gilet et une veste

Le corps baleiné

Le corps baleiné est à la fois l'ancêtre et le cousin du corset et l'équivalent de notre soutien-gorge actuel. Il permet d'obtenir la silhouette à la mode au XVIIIe siècle et de soutenir la poitrine mais n'a pas pour vocation de paraitre plus mince ou de serrer la taille. C'est une pièce que je déteste ET que j'adore faire à la fois.

Si vous voulez faire une tenue féminine du XVIIIe vous aurez besoin de faire d'abord votre corps baleiné pour réaliser la tenue aux bonnes mensurations. Cependant, comme ce n'est pas la pièce la plus simple, je vous conseille de réaliser d'abord votre chemise, puis jupon/jupe, le corps baleiné et enfin, la tenue que vous pourrez adapter correctement puisque vous aurez déjà les dessous adaptés.

On porte toujours une chemise sous un corps baleiné (ou un corset). Par confort et parce que le corps baleiné se lave moins facilement que la chemise.

Vous pouvez trouver de la toile à corset dans certaines boutiques, comme Alysse Créations. C'est aussi là que je trouve l'essentiel de la mercerie spécifique à la corseterie. C'est un tissu très agréable à travailler mais qui coute un peu cher. Vous pouvez également utiliser un coton un peu épais. Dans tous les cas il faut que votre tissu se tienne, et qu'il ne soit pas du tout élastique.

J'ai trouvé à Emmaüs plusieurs draps de coton très rigides qui me servent de base pour mes corsets, je les double simplement avec un joli tissu fin pour le côté esthétique. Comme le tissu du corps baleiné de Mary Read est épais mais très mou je l'ai doublé d'un coton fin pour lui apporter de la structure, j'ai ensuite triplé le tout.

Historiquement les corps pouvaient être baleinés avec différents matériaux, comme du rotin, de la corde, et le plus souvent des fanons de baleine (d'où le terme). De nos jours, on a le choix entre plusieurs matériaux différents. Je vous déconseille les baleines métalliques, elles sont lourdes et ne s'adaptent pas aux formes du corps. Personnellement je prends des baleines plastique, je trouve que c'est une alternative parfaite pour de l'évocation historique.

Si vous faites de la reconstitution, allez voir le blog de Temps d'élégance. Elle a même fait une série de vidéos sur les corps baleinés et en particulier sur les blancs corsets, c'est à dire les corps baleinés sans baleines !

Pour les patrons vous avez des pièces chez Simplicity et Butterick qui peuvent faire l'affaire. Personnellement je n'aime pas du tout celui de Butterick, il y a trop de modifications à faire dessus à mon goût (le dos monte trop haut, les bretelles sont visibles sous une robe, les tailles doivent être modifiées). Simplicity semble avoir deux patrons différents mais je ferais davantage confiance à celui réalisé par American Duchess.

Scroop Pattern et Redthreaded sont deux valeurs sûres en revanche. Ils sont plus chers que la plupart des patrons histo mais il y a beaucoup de travail dans la création d'un bon patron et si vous aimez ce genre de pièce vous pourrez l'utiliser pour vous faire des corsets à porter au quotidien.

Porter un corps baleiné (ou un corset, selon l'époque) confortable c'est la base pour se sentir bien et avoir un costume correctement ajusté. Prenez votre temps et faites une toile !

Faire un corset ou un corps baleiné peut sembler impressionnant mais côté couture ce n'est pas si difficile. Vous avez surtout besoin de savoir coudre droit pour créer les passages de baleines, savoir poser du biais et des oeillets. Si je "déteste" faire des corps baleinés c'est surtout parce que le biais est long et pénible à poser sur les tassettes (les petites découpes en bas). D'ailleurs je vous conseille de ne pas prendre du biais mais plutôt un simple galon de coton qui sera plus facile à manoeuvrer. Prenez votre temps, ça vaut la peine.

Le jupon et la jupe

Je vais parler de ces deux pièces en même temps car elles sont presque identiques. Elles sont très très faciles à réaliser, demandent relativement peu de tissu (comptez 2,50 mètres) et sont très adaptables en terme de taille. Il n'y a que Lady Hook qui porte une jupe, j'ai préféré mettre Mary Read dans une culotte masculine, vous avez les informations dessus dans la partie 1.

Le jupon est un vêtement de dessous qui a pour but de donner plus de tenue à la jupe, la protéger des tâches et réguler la température du corps. Dans un costume pirate, il peut être visible, sous la jupe relevée. Je trouve que ça apporte un peu de profondeur à l'ensemble et permet de varier les façons de le porter.

Comme pour tous les vêtements de dessous, je vous conseille de choisir un tissu naturel et respirant, comme le lin ou le coton (un vieux drap fera parfaitement l'affaire). Pour la jupe, faites vous plaisir mais si vous voulez pouvoir la relever facilement ne prenez pas un tissu trop épais. Pour Lady Hook j'ai trouvé une flanelle de coton qui donne un peu l'illusion de la laine mais en étant moins chère, plus fine et plus facile à entretenir.

Le patron est simplissime puisqu'il suffit de couper deux hauteurs de jupe (pour un tissu classique, avec une laize de 1,5 mètre) donc deux rectangles et deux autres rectangles pour la ceinture. Vous pouvez retrouver des tutos ici ou . Je rajoute toujours quelques centimètres en plus à la pièce de derrière pour compenser la courbe des fesses et si on porte la jupe avec un cul-de-paris.

Certains tuto utilisent le même galon pour fermer la jupe et pour servir de ceinture. Je préfère faire une vraie ceinture avec une bande du même tissu que la jupe et insérer des galons de chaque côté pour faire les noeuds. Je trouve ça plus confortable et si jamais la jupe tombe un peu, sa ceinture est moins visible puisque c'est le même tissu.

La seule différence entre le jupon et la jupe c'est que le jupon est simplement froncé à la taille alors que la jupe est plissée avec soin.

Pour relever la jupe, j'ai pris deux anneaux à rideaux que j'ai assemblé avec un galon replié pour qu'il s'enfile sur une ceinture. C'est super rapide à faire et le rendu est vraiment sympa.

Le gilet et la veste

Je vais parler des deux pièces ensemble car le gilet est réalisé à partir du patron de la veste. Comme pour les tenues masculines, il est possible de ne pas porter la veste ou le gilet mais ce sont les éléments qui apportent le plus caractère au costume et qui permettent de le porter même en hiver. J'adore la forme de ces vestes d'équitation, je trouve qu'elles sont à la fois élégantes et pratiques avec la taille cintrée et les basques.

Pour Lady Hook, j'ai simplement choisi la flanelle de coton que j'avais déjà utilisée pour la jupe. Elle a une bonne tenue et n'est pas trop fine. Pour Mary Read, j'ai craqué sur un tissu d'ameublement en velours qui a été une horreur à travailler (mais qui rend très bien, heureusement vu le nombre de fois où il a failli passer par la fenêtre). Choisissez un tissu d'épaisseur moyenne avec une bonne tenue. Si vous avez craqué sur un tissu trop fin n'hésitez pas à le tripler pour compenser.

Pour le gilet de Lady Hook j'ai trouvé un velours en synthétique tout simple. Les doublures sont toutes en cotons sauf les manches de Mary Read car je voulais que les bras s'enfilent facilement. J'ai donc utilisé une chute de satin de polyester qui me restait. Lady Hook est doublée de satin de coton.

Vous aurez également besoin de quelques boutons si vous voulez en mettre sur les manches, comptez une vingtaine. Vous pouvez faire des boutons recouverts du même tissu mais, comme pour les vestes masculines, ce serait dommage de passer à côté de l'occasion de donner un peu de caractère à votre veste.

Cette fois encore, trouver un patron a été une vraie épreuve. Reconstructing History en propose un mais la marque a une très mauvaise réputation. Je me suis donc tournée vers le livre Patterns of Fashion (volume 1) de Janet Arnold et une copine plus versée que moi dans le patronage m'a aidé à mettre le patron aux bonnes tailles. Vous avez également un patron par JP Ryan et un autre chez Nehelenia. Ils ont une bonne réputation et valent probablement le coup.

Comme Mary Read porte une culotte masculine, j'étais moins convaincue par le tombé des basques de la veste. J'ai donc modifié le patron pour que l'arrière soit plus long et remonte doucement devant, à la longueur originale. Malheureusement ce changement prenait beaucoup de tissu et comme je travaillais avec de la récup' (donc une quantité très limitée) j'ai dû supprimer les plis et me contenter de l'ampleur minimum. C'est dommage mais la veste est déjà bien assez lourde et le rendu reste très chouette ainsi.

Ce genre de pièce est fortement inspiré de la mode masculine (évidemment, chasser et monter à cheval ce sont des activités masculines...) et peut nécessiter quelques bases de techniques tailleur si vous voulez bien faire. Pour de l'évocation historique ce n'est pas obligatoire, surtout si vous avez bien choisi votre tissu et qu'il se tient bien. Je vous conseille cependant, comme pour les veste masculines, de poser une parementure sur le devant et d'intégrer un petit peu de rembourrage entre l'épaule et la poitrine pour que la courbe du haut du buste se positionne bien.

Enfin la veste est la pièce idéale pour se faire plaisir avec les déco ! Je suis restée simple sur Mary Read puisque les tissus avaient déjà pas mal de caractère je me suis contentée de faire les revers de manche en tissu contrastant. Comme Lady Hook s'inspirait du Capitaine Crochet je me suis fait plaisir avec un galon noir et doré sur le devant, les poches et les revers de manche.

Je vous ai parlé dans la partie 1 de la création des manchettes et jabot. J'ai utilisé exactement la même technique pour Crochet et pour Lady Hook.

J'espère que mon expérience sur la réalisation de ces costumes vous aura interessée. Contactez-moi si vous avez des questions !

Lady Hook, Mary Read, Capitaine Crochet, Captain Valentino, Barbe-Noire et Anne Bonny sont tous disponibles à la location dans la Collection Pirate en attendant que vous finissiez votre propre costume 😉

Par ABL Photographie

2 réflexions sur “Fabriquer un costume pirate femme - Partie 2/2”

  1. Un très bel article détaillé, c'est très intéressant de voir le détail de ton processus de création, merci pour tous ces détails sur les patrons et les tissus !

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